01. Introduction

Titre original : VÔ NGÃ

Copyright by Thích Trí Siêu, 1996 RECHERCHE DU "JE"

Traduit du Vietnamien
Par Huynh Thi Thien (Dieu Tri)
et Corinne Segers

Réaliser l’Eveil ou la Libération, est l’objectif fondamental de tous ceux qui s’engagent sur la voie du Bouddhisme. Mais à quoi s’éveille-t’on, qui donc faut-il libérer et pourquoi chercher la libération ?

C’est l’existence de la souffrance qui justifie l’aspiration à la libération. Mais en fait, qui nous fait souffrir ? Qui nous emprisonne ? Est-ce les autres qui nous font souffrir ou la vie qui nous emprisonne?

Il n’en est rien. La cause de notre souffrance n’est autre que le ” Je ” qui nous enferme dans le cycle des renaissances. Sans ce ” Je “, il n’y aurait personne qui puisse éprouver la souffrance, naître ou mourrir.

C’est précisément parce qu’ils croient en l’existence réelle d’un ” Je ” et qu’ils s’y accrochent désespérément que les êtres souffrent et tournent dans le cycle des renaissances. C’est ce que la terminologie bouddhiste appelle la maladie de ” l’attachement au Je “(atmagraha). La fin de cette maladie signifie la fin des renaissances qui n’est autre que la libération.

Si nous voulons guérir la maladie, nous devons tout d’abord prendre conscience que nous sommes malades, et ensuite chercher un traitement. Le remède qui guérit de ” l’attachement au Je ” n’est autre que la doctrine du ” Non-Soi “(Anatman) dont il est question dans les Nikayas (1) .

Le Mahayana développe plus particulièrement la notion de vacuité (sunyata), dont il distingue 2 types : la vacuité de la personne (sattvasunyata), et la vacuité des phénomènes (dharmasunyata). La vacuité de la personne correspond en fait à la doctrine du ” Non-Soi “.

En général, pour nous débarrasser de l’attachement au ” Je “, nous parlons de ” renoncer au moi ” ou détruire l’égo. Rester impassible face aux insultes, supporter les coups sans réagir et nous efforcer de rester sereins en toute circonstance, c’est ce qu’on appelle ” renoncer au moi “.

Cette méthode n’est cependant pas entièrement fiable, car souvent nous pouvons sembler imperturbables alors qu’intérieurement nous bouillonnons de colère ou, si nous ne sommes pas irrités, notre ” Je ” se flatte d’être le meilleur pour supporter avec patience tous les affronts !

De la sorte, nous n’avons nullement vaincu le ” Je ” qui en sort au contraire fortifié.

Combattre le ” Je ” est inutile. Il suffit de comprendre et de pratiquer le ” Non-Soi “.

Pour les Arhats (2) , cette doctrine est à la fois le fondement de la pratique et le but à atteindre. Pour les Bodhisattvas (3) elle constitue aussi la base de la pratique de la Vacuité.

J’aborderai sommairement le ” Non-Soi ” dans le cadre des Quatre Nobles Vérités, pour ensuite développer l’objectif principal de ce livre, c’est-à-dire présenter au lecteur deux méthodes de pratique du ” Non-Soi ” : la méthode dialectique de l’école du Milieu (Madhyamika) qui élimine par la négation tous les postulats, et la méthode méditative de la Vision Pénétrante (Vipassyana).

N’étant ni philosophe ni érudit, mais un simple moine errant à la recherche de la Voie, mon style n’est peut-être pas très littéraire. Puissent les vertueux erudits avoir la bonne grâce de me le pardonner.

J’espère que ce livre sera utile aux simples lecteurs comme aux pratiquants.

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