La première des Quatre Nobles Vérités est la Vérité de la Souffrance.
La souffrance est une réalité. Que nous en soyons conscients ou non, la nature même de la vie est souffrance.
Certains s’appuyant sur le raisonnement de l’école Bouddhiste de l’Esprit Seul (4) affirment que si l’esprit pense être heureux, il sera heureux, s’il se croit malheureux, il le sera : quoi que l’esprit pense, les choses seront telles. Si vous partagez cette opinion, essayez, lorsque vous avez par exemple mal aux dents, de penser qu’il n’en est rien, et voyez si la douleur disparait ou non. Mettez votre main dans la flamme brûlante en pensant qu’elle est fraîche et voyez si vous êtes ou non brûlé …
Que la joie ou la souffrance dépendent de l’esprit signifie en fait que le bonheur ou le malheur que nous éprouvons maintenant sont le résultat de nos actes antérieurs, dont l’esprit était l’agent responsable. Depuis l’instant où l’esprit produit une pensée jusqu’au moment où il en expérimente le résultat s’écoule un certain temps qui dépend de la loi des causes et effets. Il ne faut pas comprendre l’enseignement de ” L’Esprit Seul ” comme la concrétisation immédiate de ce que l’esprit pense. S’il en était ainsi, il suffirait de penser à un gâteau lorsque la faim nous tenaille pour qu’il apparaisse devant nous.
La souffrance est une réalité. La nature même de la vie est souffrance. Celui qui s’engage dans la pratique bouddhiste doit en avoir clairement conscience. Pourquoi le Bouddha a-t’il quitté son palais pour chercher la Voie ? Si la souffrance n’existait pas, il n’y aurait pas de Bouddhisme. Il s’agit de voir, de constater la souffrance non pour se lamenter mais pour chercher comment y échapper.
Certaines personnes voient la souffrance, savent qu’elles souffrent, mais ne cherchent pas d’échappatoire, car elles croient erronément que c’est là leur destin, le résultat inéluctable de leurs actions passées et elles acceptent avec résignation de payer leurs dettes karmiques.
Mais qui, dans le passé, nous a donc enchaînés à cette vie pour que nous attendions passivement que nos liens se coupent tous seuls ?
Le Bouddhisme enseigne l’amour et la compassion, mais aussi la force et le courage. Nous souffrons parce que nous avons mal agi dans le passé, mais nous ne devons pas rester passifs en cette vie et attendre que notre mauvais karma s’épuise de lui-même. Nous devons chercher activement tous les moyens de nous libérer, nous devons trancher ce mauvais karma avec courage et énergie. Si nous n’y parvenons pas du premier coup, il faut trancher encore et encore jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Il ne suffit pas de comprendre une seule fois ce qu’est la souffrance, ou de la prendre occasionnellement comme sujet de méditation pour ensuite la laisser de côté. Il faut continuellement contempler la souffrance, directement en nous-mêmes et autour de nous. Plus l’omniprésence de la souffrance est perçue clairement, plus puissante sera la volonté du pratiquant de s’en libérer.
Qu’est-ce que la souffrance ? Il n’est sans doute pas nécessaire de la définir ici : nous savons tous ce qu’elle est pour l’avoir déjà expérimentée.
Les textes traditionnels bouddhistes énumèrent en général 3 ou 8 sortes de souffrances.
Les trois sortes de souffrances sont :
La Souffrance de la Souffrance : c’est la souffrance qui s’ajoute encore à la souffrance. Alors que nous souffrons déjà, les circonstances qui nous entourent nous créent encore d’autres souffrances.
La Souffrance de la Destruction : c’est la souffrance due à la détérioration.
La Souffrance du Changement.
Les huit sortes de souffrances sont :
La souffrance de la naissance qui comprend à la fois la souffrance au moment de la naissance et la souffrance au cours de la vie.
La souffrance de la vieillesse : en vieillissant, nos capacités physiques et mentales se dégradent, c’est une souffrance qui affecte aussi bien le corps que l’esprit.
La souffrance de la maladie qui tyranise le corps et nous plonge dans la douleur, car la douleur nous affecte, qu’elle soit due à une simple rage de dent, une simple migraine ou à des maladies graves comme la lèpre, la tuberculose ou le cancer.
La souffrance de la mort. La mort nous sépare irrévocablement de nos proches et de nos biens et c’est pourquoi elle nous fait si peur.
La souffrance de la séparation d’avec les êtres chers.
La souffrance de la rencontre avec ce que l’on déteste.
La souffrance due aux désirs non réalisés.
La souffrance due aux cinq agrégats de l’attachement.
Ceci n’est qu’une énumération succinte qu’il est inutile de mémoriser. Considérez directement votre propre vie et voyez par vous-même ce qu’est la souffrance.
La classification ci-dessus ne sert qu’à donner une idée générale.